samedi 7 décembre 2013

Pourquoi je suis restée avec mon mari violent

Les conférences TED sont toujours extrêmement intéressantes à regarder

. Il s’agit ici d’une vidéo bouleversante, qui date un peu et que les internautes ont beaucoup partagée ces derniers jours, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, tous les 25 novembre.« Mon sujet d’aujourd’hui est le secret de la violence conjugale », annonce Leslie Morgan Steiner. Rien que ça. Et c’est une question qui revient toujours dans ces cas-là: pourquoi elle reste? Pourquoi elle ne quitte pas cet homme qui la bat? Leslie n’est pas psychologue, elle n’est pas assistante sociale, ni une experte en violence conjugale. Elle est juste une femme avec une histoire à raconter.

Cela peut arriver à n’importe qui
« Je suis ici pour vous raconter l’histoire d’un amour fou. Un piège psychologique en réalité, que l’on prend pour de l’amour. » Leslie ne ressemble pas à une victime « typique » de violence conjugale. Elle a étudié à Harvard, elle a travaillé pour de grosses entreprises, elle est mariée depuis près de 20 ans à son second mari, elle a trois enfants, un chien, et un minivan. Son premier message est donc le suivant: la violence conjugale peut arriver à n’importe qui.

Un homme drôle et intelligent, au passé sombre
Avant de rencontrer Connor, son premier mari, Leslie n’aurait au grand jamais imaginé qu’elle pourrait devenir un jour une femme battue. « J’avais 22 ans. J’ai rencontré Connor dans le métro new-yorkais un soir gris et pluvieux de janvier. Il était intelligent et drôle. Il avait l’air tellement gentil avec ses bonnes joues et ses cheveux d’ange », se souvient Leslie.

« Dès le départ, Connor a eu l’intelligence de me faire croire que c’était moi la personne dominante de notre relation. Surtout au début, en m’idéalisant. Il aimait tout chez moi. Mon intelligence, ma passion pour mon boulot. Il voulait tout savoir de ma famille, mon enfance, mes espoirs et mes rêves. Connor croyait en moi en tant qu’auteur et en tant que femme, comme personne n’avait jamais cru en moi. »

1ère étape: séduire et charmer la victime
Connor confie également à Leslie son secret: il a été abusé durant son enfance par son beau-père. C’est devenu tellement grave qu’il a dû abandonner l’école. « Si vous m’aviez dit que ce jeune homme drôle, intelligent et sensible allait un jour contrôler mon maquillage, la longueur de mes jupes, quel job je devais prendre ou mes amis, je vous aurais ri au nez », raconte Leslie. La première étape dans la violence conjugale est de séduire et de charmer la victime.

2e étape: isoler la victime
La deuxième, c’est de l’isoler. Connor l’a fait de manière subtile, en annonçant à Leslie qu’il avait quitté le boulot de ses rêves à Wall Street, parce qu’il se sentait tellement aimé et qu’il avait envie de quitter New York pour échapper à sa famille. Leslie n’avait pas envie de quitter Manhattan et son travail. Mais elle se sacrifie pour celui qu’elle croit alors être son âme soeur.

3e étape: introduire la menace de la violence
C’est dans une petite ville de New England, à l’écart de tout, qu’a débuté la troisième étape: l’introduction de la menace de la violence. Connor achète trois revolvers, un qu’il garde dans sa voiture, un dans le lit conjugal et le dernier sur lui en permanence. « Il m’a expliqué qu’il en avait besoin à cause du traumatisme de son enfance. Pour se sentir en sécurité. »

« Connor m’a attaqué physiquement pour la première fois cinq jours avant notre mariage. Il était 7h du matin. J’étais encore en pyjama. Je travaillais sur mon ordinateur et j’étais énervée. Connor a mis ses mains autour de mon cou et a serré si fort que je ne pouvais plus respirer ou crier. Il a frappé ma tête à plusieurs reprises contre le mur. Cinq jours plus tard, mes bleus s’étaient estompés, j’ai mis la robe de mariée de ma mère et je l’ai épousé. »

Malgré ce premier accès de violence, Leslie est sûre qu’ils vont vivre heureux ensemble. Connor est désolé, il était stressé à cause du mariage, c’est un incident isolé, il ne lèvera plus jamais la main sur elle. « Il m’a frappée deux fois pendant notre lune de miel. » Pendant deux ans et demi, les coups continuent, une à deux fois par semaine.

Pourquoi je suis restée
Il est temps de revenir à la question de départ: « Pourquoi je suis restée? La réponse est facile. Je ne savais pas qu’il abusait de moi. Même s’il me menaçait avec ses revolvers, me poussait dans les escaliers, jetait du café sur moi quand je m’habillais pour un entretien, je ne me suis jamais vue comme une femme battue. A la place, je me voyais comme une femme très forte, amoureuse d’un homme très perturbé. Et j’étais la seule personne sur terre capable de l’aider à faire face à ses démons. »

Dernière étape: tuer la victime
Une autre question que l’on se pose enfin, c’est: pourquoi elle ne part pas tout simplement? « Parce que les victimes savent que c’est extrêmement dangereux de quitter leur agresseur », explique Leslie. « Parce que la dernière étape, c’est de tuer la victime. 70% des meurtres liés à la violence conjugale se produisent après que la victime a quitté son agresseur. Parce qu’il n’a plus rien à perdre. »

Leslie a réussi à s’en sortir. Elle a quitté cet amour fou en parlant de son histoire, à tout le monde, à tous ceux qui ont bien voulu l’entendre, la police, ses voisins sa famille, ses amis, et même de parfaits inconnus. Vingt ans après, elle en parle encore. Pour tenter d’aider le plus de victimes possible.

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